La Sîra




Leçon 86


Des Débuts – L’Enfance




Lignée Généalogique du Prophète (BP sur lui)


Mohammed, notre maître et prophète est, avant tout, la perle des hommes de tous les temps et le dernier maillon dans la chaîne des Prophètes et Messagers. Ses ascendants paternels s’agencent ainsi (à commencer par son père) :


`Abdullâh - `Abd Al-Mottalib – Hâchim - `Abd Manâf – Qosayy – Hakîm – Morra – Ka`b – Lo’ayy – Ghâlib – Fihr – Mâlik – An-Nadr – Kinâna – Khozayma – Modrika – ‘Ilyâs – Modar – Nizâr – Ma`ad - `Adnân.


Jusqu’ici la ligne est objet de convergence entre les savants, de part de son authenticité et de sa remontée vers le Prophète ‘Ismâ`îl (Ismaël), fils de ‘Ibrâhîm (Abraham), que la paix soit sur eux. Néanmoins, le lien généalogique entre `Adnân et Ismaël ne fut pas établi par des sources authentifiées.


A noter que `Abd Al-Muttalib ibn Hâchim, l’aïeul du Prophète (BP sur lui) était une des grandes têtes Qoraïchites, un vieux sage (cheikh) d’autorité entre les siens.


Du côté de sa mère, le Prophète (BP sur lui) a pour ascendants entre autres :


Wahb – `Abd Manâf – Zohra – Hakîm – Morra.


Or, Hakîm ibn Morra (surnommé Kilâb) est lui-même le cinquième aïeul paternel du Prophète (BP sur lui). Ce qui fait le trait d’union entre les racines du père et de la mère du Prophète, pour déboucher sur un même arbre généalogique. Il faut en outre distinguer entre `Abd Manâf ibn Zohra, le bisaïeul maternel du Prophète (BP sur lui) et `Abd Manâf, son trisaïeul paternel.


Parmi les aïeux : Fihr (lui-même Qoraïche), le dixième grand-père à qui s’attribue la nation Qoraïchite toute entière ; douze tribus descendirent de cet homme et portèrent son nom (les Qoraïchites) dont les Banû (enfants de) `Abd Manâf, trisaïeul paternel du Prophète. Un constat coule de source : le Prophète (BP sur lui) est un fleuron pur des Qoraïchites réputés pour leurs noblesse et honorabilité entre les Arabes, ses grand-pères – soit paternels ou maternels – sont tous des seigneurs de mérite et nul suspicion n’entacha leurs rapports conjugaux, donc nulle possibilité d’adultère – déjà en vogue à l’époque antéislamique – ne souilla la lignée immaculée du Prophète (BP sur lui). Louange à Allah Seigneur de l’Univers.


Le Nouveau-né (BP sur lui)
A l’âge de dix-huit ans, le jeune `Abdullâh – plus tard père du Prophète - épousa ‘Âmina bint Wahb ibn `Abd Manâf ibn Zohra ibn Hakîm, une des jeunes Qoraïchites estimées pour la noblesse de sa famille et de son caractère. ‘Âmina concevait déjà lorsque le futur père partit en Syrie pour son commerce. Mais sur le chemin de retour, `Abdullâh décéda à Médine (anciennement dénommée Yathrib) et y fut inhumé auprès de ses oncles maternels – les banoû `Adiy ibn An-Najjâr – laissant sa femme ‘Âmina enceinte de deux mois, outre une petite fortune de cinq chameaux et d’une esclave appelée ‘Umm ‘Ayman.


Fin de la période de grossesse : Mohammed – Paix et Bénédiction sur lui – fut né à la sainte Mecque le douze rabî`al-‘awwal de l’année de l’Eléphant (571 ans après la naissance de Jésus – que la paix soit sur lui) année qui connut l’anéantissement d’une armée abyssine mobilisée pour détruire la Ka`ba ; les troupes furent devancées par les éléphants et commandées par le roi d’Abyssinie mais elles furent dépecées par la seule intervention divine.


Sa naissance (BP sur lui) eut lieu dans la maison de son oncle ‘Abû Tâlib située au sein des localités des Banoû Hâchim. C’était son grand-père `Abd Al-Mottalib qui le nomma « Mohammed » (le très louable) ; ce nom peu commun à l’époque chez les Arabes fut certes d’inspiration divine. Ainsi, devrait-il correspondre à l’honorable nom du prophète successeur de Jésus, annoncé dans la Torah : « l’élu » dont le portrait et l’appellation collaient parfaitement. Selon le Coran, Jésus (BP sur lui) désigne lui-même son successeur par le nom : «’Ahmad » (celui qui répand ses louanges) : il s’agit de l’un des noms du Prophète Mohammed.


Le Prophète (BP sur lui) fut né entre les mains d’une sage-femme : Ach-Chafâ’, mère de `Abd Ar-Rahmân ibn `Awf ; puis couvé par ‘Umm ‘Ayman Baraka, esclave abyssine de son feu père. Selon quelques hadiths, on rapporte qu’il était déjà circoncis ; et selon quelques autres, ce fut grand-père `Abd Al-Muttalib qui l’avait circoncis, sept jours après sa naissance.


Le Nourrisson (BP sur lui)
C’était tout d’abord sa mère qui l’allaita, juste après l’accouchement. Le petit Mohammed fut ensuite confié pendant quelques jours à Thowayba, esclave de son oncle ‘Abû Lahab ; et enfin à Halîma bint ‘Abî Dowayb As-Sa`diyya, une nourrice venue des Banoû Sa`d ibn Bakr de la tribu de Hawâzin, bédouins résidents aux abords de La sainte Mecque. Elles furent nombreuses les femmes bédouines venues alors en Mecque cherchant à accueillir chez elles les nouveau-nés des familles mecquoises, contre une pension. Cette coutume de la noblesse arabe d’élever leurs bébés chez les familles bédouines s’expliquait par le gage d’un futur homme distingué, courageux et persévérant qu’offrait l’éducation du désert.


Halîma prit donc le petit Mohammed chez elle après avoir consulté son mari ‘Aboû Kabcha qui acquiesça, avec espérance que la bénédiction divine touchait le foyer. Or, Allah exauça l’homme et changea au mieux la situation de cette famille : la mère nourrice trouva son lait en abondance, elle qui ne trouvait pas - avant la venue de Mohammed - de quoi suffire à son propre bébé ; la chamelle de la famille rassasia tout le monde qui se plaignaient jadis de l'insuffisance du lait de la bête ; leur troupeau commençait cette année à rentrer ventres pleins et mamelles gonflées après le pâturage, alors que leur terre était de la plus aride. Tout au long du séjour de Mohammed (BP sur lui) chez elle, cette famille jouissait d'une manne de biens et de bénédictions. Le petit eut maintenant ses deux ans : temps de sevrage et de retour aux parents. Halîma amena Mohammed alors chez sa mère et son grand-père, mais pour leur demander la permission de le garder chez elle encore pour quelque temps, et elle en obtint l'autorisation.


Incident de l'Ouverture de sa poitrine (BP sur lui)
Quelques mois après le report de la rentrée de Mohammed chez lui, et du retour de Halîma As-Sa`diyya avec l'enfant chez les Banoû Sa`d, Allah envoya deux Anges pour ouvrir la sainte poitrine du petit et la purger. Les deux Envoyés trouvèrent Mohammed avec son frère de lait derrière les habitations. Les Anges le firent donc allonger, ouvrirent sa poitrine et la débarrassèrent du lot du Diable. Cette ouverture ne se fit ni au bistouri ni à quelque instrument que soit ; c'était une Ouverture mystérieuse que les Anges finirent par boucher. Le frère de Mohammed se précipita vers mère Halîma pour l'alerter. Celle-ci sortit aussitôt avec son mari, à la recherche de l'enfant ; et ils le trouvèrent traumatisé, le visage abasourdi. Ils restèrent aux côtés de lui jusqu'à ce qu'il se calmât, puis qu'il commençât à parler. Cet incident donna au couple du fil à retordre. Un groupe de chrétiens abyssins leur ayant plus tard demandé le petit en vue de le montrer à leur roi, les craintes du couple redoublèrent. Halîma décida enfin de rendre Mohammed (BP sur lui) à sa famille : elle alla trouver sa mère et l'avisa des faits survenus. Toute attachée à lui, Halîma choisit pourtant de laisser le petit Mohammed chez sa mère.


Décès de sa mère et tutelle de son grand-père puis de son oncle


Quatre ans se furent écoulés de sa vie bénie lorsque Mohammed fut rendu à sa famille. Il s'installa donc avec sa mère et son grand-père `Abd Al-Mottalib ibn Hâchim à La Mecque, sous l'Oeil vigilant de son Seigneur le Très-Haut qui assurait les meilleurs germes à son développement. Mais peu de temps après, et au terme d'un voyage à la visite des siens – les Banoû `Adiy ibn An-Najjâr – à Médine, la mère de Mohammed (BP sur lui) trouva la mort. Elle succomba, auprès de 'Abwâ' pas loin de Médine, sur la route de retour à La Mecque et y fut ensevelie laissant son enfant âgé alors de 6 ans en compagnie de sa gouvernante 'Umm 'Ayman. Rentré à La Mecque, Mohammed passa sous la tutelle de son grand-père `Abd Al-Mottalib ibn Hâchim qui le couvrait de tendresse et d'affection, jusqu'à la fin de ses jours.


Déjà de son vivant, `Abd Al-Mottalib recommandait à son fils 'Abû Tâlib – frère germain du père de Mohammed – de bien s'occuper du petit qui, à 8 ans, passa sous la tutelle de cet oncle avec la mort du grand-père. La haute éducation morale que Mohammed (BP sur lui) trouva était assurée par son esprit accompli qui préférait se tenir à l'écart des futilités normalement au goût des gars de son âge. Les bénédictions divines ne lâchèrent point la famille de 'Aboû Tâlib aussi longtemps que Mohammed en faisait partie.