Par Charles Saint-Prot
Le 22 novembre 2005
Observatoire d'études géopolitiques - 2005-10-01
Depuis quelques années, l’extrémisme religieux, c'est-à-dire l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques, est devenu l’un des éléments essentiels de la géopolitique au Proche-Orient. Alors que certains milieux et médias ne cessent d’accuser l’Islam de tous les maux, les commentateurs restent discrets sur la responsabilité des sectes protestantes qui contribuent à radicaliser le conflit.
On sait l’importance prise par la secte des évangélistes, dite « revivaliste », aux Etats-Unis où elle influence considérablement la politique de l’administration Bush. Il est également connu que les membres de cette secte sont les plus fervents soutiens d’Israël et refusent toute concession territoriale aux Palestiniens. Les évangélistes, qui s’inscrivent dans la mouvement des Chrétiens sionistes –un groupe fondamentaliste protestant né à la fin du XIXe siècle, qui prétend que l’institution d’un Etat israélien est l’accomplissement de la prophétie biblique -, ne font pas que soutenir Israël moralement, leur argent sert à aider des Juifs de Russie ou d'Ukraine à immigrer en Israël. Selon le rabbin Yechiel Eckstein qui dirige une des principales agences de collecte de fonds pour Israël auprès des évangélistes américains, son association a recueilli, en l'espace de sept ans, plus de 100 millions de dollars américains. En octobre 2003, une réunion a eu lieu à l’hôtel du roi David de Jérusalem entre extrémistes sionistes et Evangélistes, en présence de Richard Perle –alors président du Conseil pour la politique de défense du Pentagone et conseiller influent de George Bush II- et de ministres du gouvernement Sharon pour célébrer « l’avènement de la Jérusalem Céleste qui suivra l’anéantissement de l’Islam ». Il est également connu que le courant évangélique, qui regrouperait plus de 70 millions de citoyens des Etats-Unis et s’appuierait sur plusieurs centaines de milliers de « pasteurs-propagandistes » appointés, s’exporte largement de l’Amérique latine (Evangelical Union of South America, notamment au Brésil où la secte aurait plus de 30 millions d’adeptes ), au Japon, en Afrique (par exemple, le rôle des évangélistes, proches du président Gbagbo, dans les événements en Cote d’Ivoire), en Europe et même en Inde (Indian Missions Association -IMA) ou en Chine... Ce qui est moins connu c’est le rôle des évangélistes dans la politique états-uniennes dans le monde arabe. Il est notoire que la Maison-Blanche, le Congrès et la CIA suivent et gèrent avec un grand intérêt l’expansion des Eglises évangéliques. La haine professée par cette secte contre l’Islam, mais aussi leur mépris à l’égard des Arabes chrétiens, en fait un instrument privilégié de la politique états-unienne visant à briser le monde arabe pour mieux organiser un grand Moyen Orient tout entier soumis à l‘influence de Washington et de ses alliés israéliens.
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