Le monde musulmans est plus fidéle a des principes spirituels et moraux que l'univers occidental

Ils sont de 30.000 à 50.000 convertis à l’islam en France depuis quelques années, venus de tous les milieux sociaux et de tous les horizons.

Mais ça n’est pas tellement leur nombre qui inquiète l’Eglise catholique - religion dominante en France - que la profondeur de leur foi et les raisons qui les ont amenés pour la plupart à quitter le catholicisme ou à l’ignorer, pour se diriger vers l’islam «cette religion vivante en expansion».

Ces conversions prennent une telle proportion qu’un mensuel catholique important «l’Actualité Religieuse», le quotidien «Le Monde» ou encore le mensuel «France Pays-Arabes» leur ont déja consacré des articles.
Pour le mensuel catholique, qui a constitué un important dossier sur ce problème d’actualité, ces nouveaux convertis sont totalement différents des chrétiens qui se tournaient encore récemment vers l’islam.
Autrefois, souligne-t-il, il s’agissait surtout de militaires ayant cotoyé l’islam au cours de toute une carrière en Afrique du Nord ou au ProcheOrient.

Le premier d’entre eux et le plus célèbre étant le Général Menou, successeur du Général Kléber à la tête de l’armée française restée en Egypte après l’expédition de Bonaparte au début du siècle dernier.
Selon un jeune converti, descendant d’une famille militaire traditionnelle c’était «une solidarité de guerriers, un attrait pour les valeurs de courage, d’honneur, de combat aussi, contenues dans les traditions islamo-arabes».
Le deuxième courant de convertis était composé d’intellectuels orientalistes qui avaient étudié les ****es spirituels et philosophiques musulmans, tel René Guenon (1886-1951) attiré par les valeurs mystiques de l’islam.

Mais actuellement les personnes qui se convertissent, souligne la revue catholique, participent au mouvement plus vaste dit de «retour au spirituel».
Assoiffées de spirituel, elles sont à la recherche à la fois de certitude, de rigueur, de discipline et d’une foi sans église, sans hiérarchie constituée, déçues qu’elles sont par les bouleversements vécus par l’Eglise catholique depuis le Concile de Vatican Il, il y a maintenant près d’un quart de siècle. Ils appartiennent à tous les milieux, intellectuels (le philosophe Roger Garaudy, Michel Chod kiewicz, spécialiste du soufisme), artiste (Maurice Bejart, danseur et chorégraphe) mais également et c’est là que le phénomène est tout nouveau, des employés, des ouvriers tels ce jeune homme, originaire des Ardennes (nord-est de la France), devenu Abdallah et qui a trouvé «dans la permanence de l’Islam» le réconfort qu’il ne trouvait plus dans le catholicisme. «Pas de dogmes revus et corrigés, dit-il. Un Musulman vivant il y a plusieurs siècles retrouverait dans l’ensemble le même Islam».

Ils sont également attirés par la simplicité, par une «religion vivante, toute en sobriété, en dépouillement» et par la possibilité que l’islam offre «de s’adresser à Dieu, sans intermédiaire».
Un autre qui voulait devenir moine a rencontré sa voie mystique auprès des soufis, après un essai infructueux dans un monastère catholique.
D’autres sont motivés par un rejet de la permissivité qui caractérise les religions d’une pratique disparue mais aussi de valeurs, à leur sens, dévaluées, oubliées en Occident», explique plus loin le mensuel chrétien.
«En régle générale, le monde musulman est plus fidèle à ses principes spirituels et moraux que l’univers occidental».
Certains sont tentés de vivre complètement à l’oriental, d’autres songent à aller vivre en pays musulman. Mais d’autres encore estiment qu’il ne faut pas imiter les musulmans orientaux, «au contraire, pour l’islam, c’est le sens de l’Universel qui prévaut».

Un jeune mécanicien de la banlieue nord de Paris, interrogé par la revue «France-Pays Arabes» déclare qu’il observe très strictement le jeûne, les préceptes du Coran «Je suis très strict là-dessus. Cela me donne des règles de vie. Je vais à la mosquée».
En règle générale, souligne le chroniqueur religieux du journal «Le Monde», Henri Fresquet, les femmes représentent environ 55 pour cent des convertis, sans doute parce que les Françaises mariées à un Musulman adoptent volontier la religion de leur conjoint.
Enfin Roger Garaudy, interrogé par l'agence kowetienne KUNA, souligne que de plus en plus de gens parmi les intellectuels se convertissent à l'islam et que pour sa part «il n'est exposé à aucune persécution» en France.
Ces nouveaux convertis sont bien accueillis par les immigrés musulmans qui parlent d'eux «avec une admiration joyeuse». Ils travaillent bénévolement à la mosquée de Paris, certains donnent un enseignement coranique aux jeunes fils d'immigrés, organisent des voyages.
Ils affirment, conclut pour sa part la revue «Actualité Religieuse», «avoir trouvé, après avoir beaucoup cherché, la vraie voie vers Dieu».