Le jeûne est un culte d’abstinence prescrit aux musulmans comme il a été prescrit aux communautés avant eux dans un but de piété et de purification.

Il consiste à s’abstenir de nourriture, de boisson et de rapports sexuels de l’aube jusqu’au coucher du soleil. Allah, Gloire et Pureté à Lui, a prescrit aux musulmans le jeûne du mois de Ramadân en l’an II de l’Hégire. Il a dit : « O croyants, le jeûne vous est prescrit comme il a été prescrit aux peuples qui vous ont précédés, ainsi atteindrez-vous la piété. » Coran 2.183

La relation entre le jeûne et le mois de Ramadan traduit la pureté du contenant et du contenu, la noblesse de l’acte et la sainteté de la période de son accomplissement : « Le mois de Ramadan est celui au cours duquel le Coran a été descendu comme guide pour les hommes, et preuves claires de la bonne direction et du discernement. Quiconque d’entre vous vit ce mois devra le jeûner. » Coran 2.185

Le mois de Ramadan est un mois béni à cause de ce glorieux événement qu’est la descente du Coran comme guide, lumière, miséricorde et également comme message de vérité et de salut pour les humains. D’après un hadith cité par l’Imam Ahmed ibn Hanbal, tous les livres divins étaient révélés au cours du mois de Ramadan. Les Feuilles d’Abraham furent révélées la première nuit du Ramadan, la Torah durant la sixième nuit, le psaume la douzième nuit, l’Evangile la treizième (ou la dix-huitième) nuit, et le Coran la vingt-quatrième nuit. Cette nuit, appelée la nuit d’Al-Qadr (la destinée ou le Décret) est une nuit bénie : « Nous l’avons fait descendre en une nuit bénie, Nous sommes en vérité Avertisseur. Tout ordre sage est décrété en cette nuit, comme un Ordre émanant de Nous. C’est Nous qui envoyons les messagers à titre de miséricorde de la part de ton Seigneur. Il est celui qui entend et qui sait » Coran 44.3-6

Durant la nuit d’Al-Qadr, le Coran a été descendu en entier de la Table gardée, à la ‘‘Maison de la Puissance’’ située au ciel le plus proche. Puis, il fut révélé au prophète (psl) par fragment pendant vingt-trois ans. D’où le lien étroit entre le mois de Ramadân et le Coran. Le Prophète récitait tout le Coran à chaque mois de Ramadan devant l’ange Gabriel. Les musulmans aussi prirent l’habitude d’approfondir l’étude du Coran pendant ce mois, de le réciter tout entier dans les offices nocturnes, dites Tarawih.

Le Prophète se réjouissait de l’arrivée du mois de Ramadan et en félicitait ses compagnons, en leur disant : « Un mois béni vous est venu, vous êtes obligés de le jeûner. Dans ce mois-ci, les portes du Paradis sont ouvertes et celles de l’Enfer sont fermées, les Diables y sont enchaînés. En plus, vous y trouvez une nuit meilleure que mille mois. Celui qui se prive de sa faveur, se prive d’un bien immense ». « Si ma communauté savait ce qu’il y a dans le mois de Ramadân, elle souhaiterait que toute l’année soit Ramadân. » (Hadith)

« Le jeûne et le Coran intercèdent en faveur de l’homme auprès de son Créateur le jour de la Résurrection. Le jeûne dit : ‘‘ O Dieu ! Je l’ai privé de nourriture et de plaisir pendant le jour, laisse-moi intercéder en sa faveur.’’ Le Coran dit : je l’ai privé de sommeil la nuit, laisse-moi intercéder en sa faveur’’, alors ils intercéderont. » Hadith rapporté par Abdullah b. Amr

« Le Paradis a une porte appelée : Al Rayan. Le jour de la résurrection, on appelle : où sont les jeûneurs ? Dès que le dernier jeûneur entre, cette porte se fermera derrière lui. » Hadith rapporté par Sahl b. Sa’d. Allah, par Sa Grâce et Sa miséricorde, a fait de ce mois une occasion d’élévation spirituelle, de repentir, de pardon et de salut. Les prières sont exaucées, les bonnes oeuvres très favorablement accueillies et les récompenses infiniment multipliées.

« Quiconque jeûne Ramadan sincèrement et avec conviction se verra pardonner ses péchés antérieurs. » Hadith rapporté par Abû Hurayra.

Le prophète a prononcé cette Parole qu’il tenait lui-même de Dieu -Exalté soit-Il : « Toutes les oeuvres des fils d’Adam leur appartiennent en propre à l’exclusion du jeûne : celui-ci M’appartient et je le récompenserai moi-même. ». Les exégètes ont apporté différentes réponses à la question de savoir pourquoi seulement le jeûne appartient à Dieu alors que toutes les oeuvres de culte sont vouées à Lui ? Certains ont expliqué cela par le fait que le jeûne est un culte intime qui ne peut être entaché d’ostentation, s’agissant d’un acte purement intentionnel, ne comportant ni mouvement ni gesticulation susceptibles d’être vus ou connus des gens. D’autres ont cherché les raisons de la particularité du jeûne dans la non-divulgation de sa récompense, sachant que les bonnes actions sont récompensées de dix à sept cents fois, alors que la récompense du jeûne est beaucoup plus élevée. D’autres affirment que Dieu fait sien le jeûne parce que le jeûneur, en se privant de nourriture, de boisson et de plaisirs sensuels, se trouve en harmonie avec l’une des qualités de Dieu. Il devient en quelque sorte semblable aux anges, ce qui le rapproche davantage de son Créateur. On a également expliqué cette Parole divine en ce sens qu’au jour de la résurrection, toutes les bonnes actions de l’homme seront soumises à des prélèvements pour la réparation des torts qu’il a commis sauf la récompense du jeûne qui ne subira aucun prélèvement. « Le jeûne est une protection. Quand vous jeûnez, abstenez-vous d’être grossier et bruyant et si quelqu’un vous insulte ou vous défie, dites : ‘‘ Je jeûne ’’. Par Celui qui tient l’âme de Mohammed entre Ses Mains, l’haleine du jeûneur est plus agréable à Dieu que l’odeur du musc. Le jeûneur connaît deux moments de joie : le premier lors de la rupture du jeûne et le second lors de la rencontre de son Seigneur, avec son jeûne (comme viatique) ».

Le jeûne constitue le contrepoids spirituel nécessaire à l’équilibre de l’individu et de la société. En effet, il n’y a rien de tel que le jeûne comme panacée aux maux de l’intempérance qui rongent les sociétés matérialistes. C’est une occasion de purification, de ressourcement et d’apprentissage concret des valeurs morales et spirituelles. C’est aussi un remède efficace contre l’égoïsme, l’avidité et surtout contre l’oubli de soi occasionné par l’excès de cupidité et d’ivresse matérielle. Le jeûne est un exercice pratique d’abstinence, de maîtrise de soi, de résistance à la faim et à la soif, de lutte contre le mal de l’accoutumance.

Il développe en l’homme le sens de la piété, de l’amour, de la bienfaisance, de la patience, du partage, de l’abstinence, bref, il permet une prise de conscience des besoins et des souffrances des autres, à savoir : les pauvres, les nécessiteux, les malades, les affamés, etc. Il cultive chez l’homme les sentiments de gratitude à l’égard de Dieu pour Ses innombrables bienfaits, serait-ce l’eau que nous buvons et les aliments que nous mangeons. La soif et la faim causée par le jeûne incitent le croyant à apprécier la valeur de l’eau et du pain qui sont les éléments essentiels de la vie, dispensés par Dieu, à penser au pauvre qui n’a même pas de quoi rompre le jeûne, à la misère de l’orphelin, aux besoins de la veuve, du sans-logis, du voyageur, etc. Le Prophète était le plus généreux des hommes et encore plus généreux pendant le mois de Ramadân. Celui qui offre un repas au jeûneur aura la même récompense que celui-ci pour son jeûne.

« Ils nourrissaient le pauvre, l’orphelin et le prisonnier pour l’amour de Dieu (disant) : Nous vous nourrissons pour plaire à Dieu Seul ; nous n’attendons de vous ni récompense ni gratitude. Nous redoutons, de notre Seigneur, un jour terrible et catastrophique. Mais Dieu les a protégés du malheur de ce jour-là, et leur fera rencontrer la splendeur et la joie. » Coran 76.6-1 . C’est pourquoi, la plupart des gens du ‘‘ Salaf ’’ (les musulmans des premières générations) partageaient leurs repas de rupture du jeûne avec les pauvres et les orphelins. Le jeûne n’est pas seulement un devoir de continence ou d’abstinence alimentaire, il concerne aussi l’ouïe, la vue, la langue, les mains et les pieds. Le jeûneur doit s’abstenir d’écouter, de regarder ou de prononcer ce que Dieu a interdit. Il ne doit pas non plus faire usage de ses mains ou de ses pieds dans le péché ou l’interdit. La langue étant l’organe le plus dangereux du corps humain. Le croyant doit s’abstenir du mensonge, des obscénités et du bavardage inutile. La diffamation et la médisance sont des péchés extrêmement graves, susceptibles de compromettre, voire d’annuler le jeûne. « Celui qui ne renonce pas au mensonge ( ou bien au faux témoignage), Dieu n’a nul besoin de le voir renoncer à la boisson et à la nourriture. » (Hadith) Cela signifie que le jeûneur ne doit être ni menteur, ni bavard, ni grossier ni bruyant. Il doit employer tous ses loisirs à la prière, à la récitation du Coran, à la méditation et aux actes de bienfaisance. Il ne doit pas tricher en dormant toute la journée pour ne pas ressentir le malaise du jeûne, et veiller la nuit pour manger et boire. Dans ce cas, le jeûne n’aura pas de sens. A la rupture du jeûne, on doit manger et boire modérément, sans gourmandise et sans exagération